dimanche 21 décembre 2008

"Ltoutes, l'actu lesbienne pour toutes les femmes" interroge la mécanicienne...



Une fois n'est pas coutume, on m'a demandé de répondre à quelques questions, à l'occasion de la triste disparition de nos consoeurs des Éditions de La Cerisaie, qui, comme tu le sais sans doute, amie lectrice, cessent leur activité. Dommage que ce soit des circonstances pareilles qui nous amènent à discuter de l'édition lesbienne française, mais en somme, cela permet tout de même de faire un point et, peut-être, d'aborder des sujets qui t'intéressent au premier chef, amie lectrice.

Tu peux lire cet échange sur l'intéressant blog Ltoutes : http://ltoutes.blogspot.com/2008/12/pour-faire-de-largent-on-ne-se-tourne.html

Je reproduis ci-après l'intégralité de mes réponses, au cas où tu souhaiterais avoir tous les détails...


Q. Est-il toujours aussi difficile de vendre des livres aux lesbiennes (et surtout d'en vivre)? Parce que j'ai constaté en fait un dynamisme certain du secteur, avec la multiplication depuis dix ans des maisons d'édition lesbiennes en France, dont la vôtre fait partie.


R. L'édition homo présente à la fois des aspects communs avec l'édition généraliste, mais elle s'en démarque simultanément de manière très nette. Pour travailler à cheval sur les deux, je me rends compte que nous n'obéissons pas aux mêmes impératifs. Nous sommes plus proches des dizaines de petits éditeurs indépendants, bien sûr, car nous rencontrons des exigences et des difficultés du même ordre. En commun nous avons par exemple la particularité d’en vivre rarement (les Éditions Dans L’Engrenage ne salarient personne, tous les intervenants, y compris moi-même, avons des activités annexes pour gagner notre vie) et les bénéfices de la vente d’un livre servent à publier le suivant, la plupart du temps, parce que nous faisons appel à des professionnels (couvertures, corrections, traductions, etc., que nous publions de la littérature étrangère, ce qui coûte évidemment bien plus cher, et que nous soignons la fabrication –qualité de la façon, choix du papier, vernis sélectifs…– tout en resserrant les prix –un titre comme Cara et moi, le dernier que nous avons publié, est vendu au prix de 18 euros, alors que chez un gros éditeur, il serait proposé au public autour de 22 euros.)

Effectivement, depuis dix ans, le nombre de maisons d'édition lesbiennes a sensiblement augmenté, ce qui n'est pas une chose si surprenante, étant donné que nous étions, en France, passablement en retard. On en compte à l'heure actuelle moins d'une dizaine (je ne tiens évidemment pas compte de l'auto-édition ou de l'édition à compte d'auteur). C’est une bonne chose, parce que l’édition est une activité liée à la personnalité de l’éditeur, c’est très subjectif à partir du moment où il s’agit de choix personnels. Donc, plus il y a d’éditrices, plus il y a de choix. Et puis cela permet de faire découvrir la littérature lesbienne et d’habituer les lectrices à savoir que lorsqu’elles ont envie de lire un livre lesbien, elles peuvent se tourner vers les spécialistes du domaine.


Q; Quelle est évolution de vos ventes depuis votre création: est-ce que le marché progresse plutôt, est-ce que les lesbiennes "achètent lesbien" de plus en plus ou pas? A combien évaluez-vous le nombre d'ouvrages lesbiens publiés en France chaque année?


R. Nous existons depuis cinq ans et, naturellement, nous sommes mieux implantées aujourd'hui qu'au début de notre activité. Cela signifie que lorsque nous sortons un titre, nos lectrices nous font la confiance d'avoir envie de le lire dès parution. Il n'en reste pas moins que le fonds continue d'exister à long terme, et que le nombre de nos lectrices est croissant.

Je ne saurais dire si le marché progresse, puisque l'étendue du catalogue joue aussi son rôle. Une maison à la tête de cinq titres et une maison avec 50 titres, c'est différent. Donc, tout cela évolue constamment. Difficile d'évaluer le nombre de titres lesbiens publiés en France chaque année. Si l'on considère ceux issus des maisons spécialisées, cela doit tourner autour d'une quinzaine. Au-delà, ils doivent se compter sur les doigts d'une ou deux mains, maximum.

Pour nous, l’enjeu est de vaincre l’espèce de mépris/méfiance spontanés chez beaucoup de gens lorsqu’on se revendique comme « maison d’édition lesbienne »… Il n’y a pas de culture communautaire en France, contrairement à l’Espagne, aux pays anglo-saxons, nordiques, etc.

D’autre part, sur le plan culturel, l’émergence d’une meilleure offre de DVD lesbiens (films, séries, etc.) a certainement une incidence sur les habitudes des lesbiennes qui, selon de nombreuses études, sont en général des femmes qui n’ont pas un pouvoir d’achat élevé, et il leur faut choisir entre livres et DVD.


Q. Est-ce que les maisons d'édition "hétéros" s'intéressent au marché, quitte à vous concurrencer?

R. On se doute bien que si le marché lesbien était rentable, les multinationales de l'édition le sauraient, nous aurions de la concurrence du côté des grosses maisons généralistes, et nos amies et consœurs de La Cerisaie verraient leur avenir plus sereinement. Comme je le disais précédemment, la population lesbienne n’est pas, d’un point de vue économique, une cible intéressante pour les gens qui veulent faire du business, contrairement à certaines craintes exprimées parfois par les homos. Si l’on veut faire de l’argent, on ne se tourne pas vers ce public, c’est une évidence. S'il arrive de voir ce genre de publications chez les généralistes, c'est plus un choix ponctuel qui relève de critères autres que politiques. Nous avons par exemple à notre catalogue un roman merveilleux, Cara et moi, écrit par celle qui est aujourd'hui considérée par les spécialistes comme l'une des dix plus grandes romancières contemporaines d'Irlande, Emma Donoghue. Eh bien pas un de ces éditeurs généralistes n'a voulu la publier, manquant ainsi de grands livres. Sans doute parce qu'elle écrit trop « lesbien », et qu'elle n'a pas peur de continuer à publier chez des maisons d'édition lesbiennes anglo-saxonnes, parallèlement à ses gros éditeurs conventionnels. Sarah Waters est l'exception, mais je pense que c'est le succès commercial qu'elle a rencontré en Angleterre qui a motivé ses éditeurs français, et leur a permis de voir qu'il y avait là une grande écrivaine. Je suis donc persuadée que nous avons un rôle particulier, et que nous acceptons de prendre des risques qui n'intéressent pas les éditeurs généralistes, les débouchés en terme de public étant vraiment trop limités.

Q. Qu'est-ce qui marche le plus auprès des lesbiennes? Les romans? Est-ce qu'il y a une spécificité du marché lesbien de l'édition?

Deux choses: à la fois les lesbiennes sont des lectrices normales, donc leurs préférences en terme de genre ressemblent de près à celles de toutes les autres lectrices ; à cette nuance près qu'elles sont encore plus consommatrices de littératures populaires (roman sentimental et polar). Ce qui n'a rien de surprenant en termes sociopolitiques, d'ailleurs.


Q. Quelles sont vos principales difficultés? La distribution?

R. J'ai là-dessus une posture très personnelle qui n'est pas toujours comprise, car on veut appliquer à l'édition indépendante « de niche » les recettes de l'édition « mainstream » des grandes entreprises. Or nous n'avons pas grand-chose de commun: le fossé qui nous en sépare est aussi grand que celui qui sépare un plat cuisiné industriel et un mets préparé par un chef. Ça n’est tout simplement pas la même chose, les deux coexistent, cela dit sans jugemet de valeur, puisque les deux ont un intérêt pour le consommateur.

La diffusion et la distribution en sont un exemple. D'abord, il ne faut pas négliger l'Internet, qui devient un moyen simple et direct de se rendre disponible à toutes les lectrices. Le distributeur devient un peu obsolète. Ensuite, il y a peu de libraires qui prennent le risque de nous réserver une place dans leurs rayons ou sur leurs tables. Notre choix est de ne travailler (une aberration marketing que nous assumons sereinement!) qu'avec les libraires prêts à recevoir nos livres, c'est-à-dire à les proposer à leurs clientes. Nous sommes disponibles sur commande partout, mais présentes en stock uniquement dans des points de vente triés sur le volet. Le contraire d'un bon plan marketing ;-)

Nous avons surtout le respect des libraires spécialisés, qui sont nos meilleurs interlocuteurs et se battent au quotidien pour défendre cette spécificité, un gros risque financier pour eux. Nous préférons placer nos livres chez eux que chez des libraires dubitatifs. C'est aussi pour cela que, lorsqu'ils sont présents dans un festival ou un salon, nous n'y apparaissons pas individuellement, soucieuses de ne pas nous placer en concurrence avec eux.


Q. Que pensez-vous de la réputation qui colle souvent à la peau de la littérature lesbienne de romans "à l'eau de rose"? C'est dépassé ou est-ce que cela correspond à la demande, tout simplement?


R. Nous pratiquons une politique de collections: nous partons du principe qu'il faut qu'une lectrice sache ce qu'elle achète lorsqu'elle fait cet effort, et donc qu'elle voie où elle va. Nous publions des romans et des nouvelles qui intéressent les amatrices de littérature pure (couvertures blanches) et, parallèlement, nous lançons une collection de romans policiers d'ici peu (couvertures noires), nous avons des bandes dessinées, bref nous reflétons le fait que les artistes lesbiennes s’expriment dans tous les domaines. Nous avons choisi depuis trois ans de dédier une collection clairement identifiable (couvertures roses) aux romans d'amour qui se revendiquent comme tels et répondent au canon.

Je suis toujours amusée par le fait que la littérature « à l'eau de rose » ait mauvaise réputation. C'est un peu court. Historiquement, la littérature lesbienne est née avec la littérature rose, c'est ainsi qu'elle s'est développée (et qu'elle continue de le faire). Car les lesbiennes ont enfin eu, grâce à ces livres, du rêve ; elles ont pu enfin rêver leur vie, au sens où les autres femmes (et hommes) rêvent la leur. Un rêve de bonheur que je trouve dommage de regarder avec condescendance, d’un point de vue esthétique comme d’un point de vue scientifique.

Et puis, aujourd'hui, il y a bien sûr des lesbiennes privilégiées qui vivent dans des lieux ou fréquentent des milieux qui leur permettent de s'épanouir en tant qu'homosexuelles, d'avoir des moments où elles appartiennent à une norme. Mais pour beaucoup d'autres, la littérature sentimentale comble encore un besoin d'identification et les aide. Je reçois beaucoup de courrier en ce sens.
Enfin, la littérature rose, comme le roman policier, a des racines politiques. C'est une paralittérature. À cet égard, elle est révolutionnaire. Personnellement, je lis toute sorte de livres, plus ou moins « faciles », et je peux passer de Jeanette Winterson ou Djuna Barnes à Katherine V. Forrest ou Gerri Hill sans problème. Je n’y trouve pas la même chose, voilà tout. Bizarre de mettre en concurrence des genres… Nous sommes nombreuses dans ce cas. Il ne faut pas négliger le fait qu'il existe une bonne littérature rose, comme il y a une bonne littérature noire, ou une bonne littérature de science fiction.

mardi 18 novembre 2008

Récréation again

Complètement débordée en ce moment (d'où mon absence sur ce blog), je te prie, amie lectrice, de ne pas désespérer: nous travaillons tous d'arrache-pied sur le prochain titre, qui inaugurera la collection de polars des Éditions Dans L'Engrenage. Je ne veux tout de même pas manquer de te faire profiter d'une vidéo irrésistible de Patricia & Colette, deux artistes que tu connais peut-être déjà. Sinon, amie lectrice, tu verras que leur travail ne manque ni de talent, ni de sel, ni d'intelligence. Et gagne à être connu.

lundi 6 octobre 2008

À l'arrivée...


C'est la première fois que j'ai la joie de voir le paquet que nous avons envoyé arriver à destination (au-delà des mers), dans un nouveau cadre... et de nouveaux enthousiasmes (introducing Samba & Tango). C'est très encourageant et agréable. Merci, amie lectrice, de m'en faire profiter en prenant la peine de faire une photo.

vendredi 26 septembre 2008

On n'arrête pas le progrès


Au fait, j'en profite pour signaler que, cédant aux pressions nombreuses et appuyées, les Éditions Dans L'Engrenage sont visibles sur Facebook, pour celles qui en sont...
À bientôt de t'y croiser, amie lectrice :
http://www.new.facebook.com/pages/Editions-Dans-LEngrenage/

Patience et Sarah, Isabel Miller


C'est un livre particulier à bien des égards. D'abord, parce qu'il a été autopublié en 1971 à New York et diffusé de la main à la main, dans des associations de femmes (par exemple les Daughters of Bilitis, voir billet précédent sur Del Martin intitulé In Memoriam), avant qu'un éditeur s'y intéresse. Il est devenu ensuite au cours des années un succès international, en tant que l'un des premiers romans dont le sujet soit explicitement l'homosexualité féminine et/mais présentée de manière positive. Aujourd'hui, cela paraît moins important, mais il faut encore une fois se replacer dans un contexte où les rares évocations d'amours sapphiques finissaient au mieux dans le chagrin et les larmes, au pire dans le sang et la damnation éternelle.
C'est également l'histoire romancée de deux amantes ayant réellement existé, au début du XIXe siècle en Amérique du Nord et, de ce point de vue, une curiosité en soi: avait-on jamais imaginé des pionnières de la conquête de l'Ouest en couple, en train de se construire un lit (qu'elles ne tarderont pas à casser gaiement dans de manifestement très heureuses circonstances)?
Histoire d'amour reconstituée par Alma Routsong (sous le pseudonyme de Isabel Miller), une américaine divorcée, elle-même tombée amoureuse d'une coparoissienne. Visitant un jour un musée d'art populaire, elles découvrent des peintures exposées au-dessus d'un pannonceau présentant l'auteure comme ayant vécu de son art avec sa compagne fermière, à laquelle elle était "liée par un attachement sentimental".
L'histoire d'amour de Patience et Sarah s'est perpétuée ainsi, de femmes en femmes, d'écho d'histoires d'amour et de couple, jusqu'à devenir un opéra, et à être traduite un peu partout.
Une première traduction française était parue dans les années 1970 chez Grasset (rien de moins!), entreprise par un écrivain un peu prude (à moins que cela n'ait été l'éditeur...) qui montrait nos deux protagonistes rougissantes quand elles étaient humides en V.O., qui "oubliait" les évocations sensuelles, etc.
D'où l'intérêt de notre nouvelle traduction, intégrale et conforme au travail de l'auteure, particulièrement sur la relation sentimentale et les allusions érotiques, ainsi que sur l'aspect de reconstitution d'une époque, de ses moeurs. Il fallait aussi, à notre sens, rendre l'épaisseur des personnages, puisqu'elles sont issues de deux milieux sociaux très différents, l'une sait écrire et lire, l'autre non, elles ne parlent pas de la même manière, n'appréhendent pas le monde avec les mêmes yeux. Bref, elles sont réunies essentiellement par la force de leur amour et ce qu'il leur donne le courage de faire ensemble.
Au-delà de cela, on peut aussi y voir une très belle et très contemporaine expression de l'identité de genre assumée, à travers le personnage de Sarah, flamboyante de liberté intérieure et de détemination.
Je sais aussi que ce livre a été très important pour toute la génération de femmes qui nous a précédées (la mécanicienne est née la même année que ce livre!), comme je l'écrivais plus haut, puisqu'enfin deux femmes s'y aiment ouvertement et avec bonheur; le sachant épuisé depuis des années en français, nous avons été heureuses de contribuer à rendre disponible une pièce maîtresse de l'histoire de la littérature lesbienne.
Enfin, l'auteure étant décédée dans les années 1990, j'ai eu avec Elizabeth, sa compagne de l'époque de l'écriture de Patience et Sarah, des rapports chaleureux et enrichissants, et j'ai éprouvé une grande émotion à prendre ce trésor de la main de cette délicieuse vieille dame pour te le tendre et le mettre dans ta main, amie lectrice.

samedi 20 septembre 2008

In memoriam

Une pensée pour une femme étonnante: Del Martin, née en 1921 et décédée fin août. Cette américaine a très tôt milité pour la cause lesbienne, en créant avec sa compagne Phyllis Lyon et d'autres en 1956 une association, les Daughters of Bilitis, destinée à soutenir les homosexuelles - pas une mince affaire, si tu te remets dans le contexte de l'époque aux États-Unis... Et elle a vécu une vie d'engagement exemplaire, jusqu'au bout, puisqu'elle a défendu le droit au mariage civil en Californie jusqu'à pouvoir épouser légalement (et en grande pompe) le 16 juin 2008 l'amour de sa vie, Phyllis, avec laquelle elle a partagé sa vie pendant 55 ans. C'est aussi à elle que je pense en ce moment. Je te souhaite, amie lectrice, et je nous souhaite une vie aussi bien remplie que celle de Del Martin.
(Dans la video qui suit, Del est dans le fauteuil roulant, et Phyllis le manoeuvre).

dimanche 24 août 2008

Récréation 3


Je te souhaite, amie lectrice, un aussi doux dimanche que possible.
(Quant à Séverine, elle ne pourra plus dire qu'elle ne connaît pas Ani Difranco!)



Découvrez Ani DiFranco!











(extrait:)
Dimanche matin

De lents battements fourmillent
Par les grilles
Des fenêtres ouvertes
Des œufs cuisent
Des jambes tremblent
D’être restées si longtemps
couchées
Dimanche matin
Nous lisons toutes les deux
En levant les yeux de temps en temps
Levant les yeux de temps en temps

Dimanche matin
Tu es occupée de ton côté
Et moi du mien
Les mots prononcés
Plutôt une formalité
Car nous ressentons que
Nous sommes en phase
Dimanche matin
Des draps encore chauds
Des chatons se pressent
Autour de nos pieds
La vie coule tranquillement
Ta douce compagnie
La rend parfaite

Musique et paroles Ani Difranco.

Merci Suzan Alsner.

dimanche 10 août 2008

Contes de fées



Nous avons créé en 2005 une collection de romans d’amour. Je vois parfois, ou j’entends, des personnes qui, ayant en main l’un des titres de cette collection (intitulée Romance, enveloppée de rose bonbon, avec des titres romantiques), s’écrient, “Ah, le résumé au dos du livre me donne envie de le lire, mais j’espère-que-ça-ne-sera-pas-trop-rose”. J’ai toujours envie de répondre : “Si tu n’aimes pas le rose, n’achète surtout pas de livre rose.”
Les romans à l’eau de rose souffrent d’une réputation (et j’emploie à dessein le terme de réputation) détestable. Ils sont méprisés, tournés en dérision ou placés dans les derniers sous-sols de la littérature. Or à mon très humble avis, la bêtise n’est pas là où on le croit. Le roman rose est, comme souvent les littératures populaires, un genre codifié. Très codifié, même, point commun à ce qu’on appelle les paralittératures (en France). Cela signifie qu’il obéit à une conception, une grille, du début à la fin, relevant de règles précises. L’intérêt étant évidemment de suivre ces règles, parfois de les renouveler, et surtout de les transgresser.
Ce que les dénigreurs du roman sentimental oublient souvent, les pauvres, c’est le lecteur et son rapport avec ce type de livres. Les couvertures romantiques, les titres suaves, l’habillage des couvertures, le nom des collections, les arguments développés par le récit et présentés en résumé, tout est cohérent, et c’est amusant de constater qu’on puisse en être dupe, croire que cela n’est pas fait exprès pour être reconnaissable. Donc, si l’on choisit un livre dont le titre évoque la passion sensuelle, l’amour infini, le rêve ou la princesse charmante, l’ivresse des sens etc., que la couverture présente des couleurs chaudes bouillantes, avec des baisers langoureux, des décors de rêve… on sait ce qu’il y a dedans. Une complicité tacite et réciproque s’établit entre le lecteur et l’auteur. Le lecteur de romans codifiés recherche précisément cela, le rapport avec ce code, le fait qu’il le connaisse, qu’il soit capable de le décrypter, la lisibilité de l’ensemble… (En d’autres termes, il aime savoir le lire, comme un enfant qui vient d’apprendre à lire éprouve un plaisir très particulier à ouvrir un livre à présent qu’il est sûr de savoir le lire). Il en attend ensuite variantes et dévoiements, car dans cette configuration-là, il est complètement libéré et peut jouir des personnages, parce qu’il les domine, peut les comprendre en un clin d’œil, s’identifier et mettre en branle son imagination. Son cerveau.
Si certaines littératures populaires ont réussi, ces dernières années, à sortir de la déconsidération, tels le domaine policier ou la science fiction, ce n’est pas encore le cas du roman d’amour. Pourtant, au-delà de sa précieuse vertu d’évasion et des développements imaginaires, il présente de plus en plus une dimension politique que je m’étonne de ne pas voir plus souvent soulignée. Dans le genre en général, où historiquement, les femmes ont le premier rôle, il a parfois précédé et annoncé la réalité de l’évolution de la place des femmes dans la société : les personnages féminins ont gagné en indépendance par rapport aux hommes, à la famille, au statut social et professionnel. Et sont passés de la passivité à l’action, voire au pouvoir. Leur sexualité s’ouvre et se libère, gagne en audace.
Et pour le cas des romans d’amour lesbiens, il faut reconnaître plusieurs faits essentiels. D’abord, c’est largement le terreau sur lequel une grande partie du mouvement littéraire lesbien a pu prendre racine, car il s’agissait à la fois de se réapproprier des stéréotypes amoureux hétérosexuels, mais aussi de les réinvestir et de les réinventer.
Ensuite, parce que l’écriture des scènes érotiques est un enjeu en soi et appartient presque dès sa naissance à la problématique du roman rose lesbien, à la différence du modèle hétérosexuel. Une originalité qui ouvre des horizons à la réflexion, non?
Enfin, puisque les littératures populaires, comme leur nom l’indique, s’adressent aux masses... La littérature lesbienne a pu toucher un public plus vaste, elle s’est démocratisée, avec tout ce que cela comporte : la visibilité, le bien-être psychologique pour certaines (ça compte, quand même, non ?), l’affirmation d’une vie normale (à travers le paradoxe de la “vie de rêve”), la venue à la lecture d’une catégorie de lectrices qui ne trouvaient pas de quoi leur en donner le goût…
Comme beaucoup de gens (des femmes, des hommes, des manuelles, des intellectuelles, le responsable de la chaîne de fabrication, Nathalie Sarraute et toi, amie lectrice), nous aimons de temps en temps ouvrir un bon roman sentimental en savourant à l’avance la fin heureuse qui nous attend, avec des femmes qui se découvrent, se séduisent et finissent par s’aimer… comme si c’était simple.

Merci Beth.

lundi 28 juillet 2008

D'où sors-tu ?




Tu me demandes parfois qui je suis, comment je suis arrivée là, qu'est-ce que c'est que toute cette histoire d'engrenage...
Si tu le permets, je vais donc te parler un peu de moi. Lorsque je faisais mes études, comme elles duraient et se multipliaient (longues et pluridisiplinaires), il fallait bien que je trouve le moyen de les financer. De la même façon que beaucoup d'étudiants, j'ai fait toute sorte de petits boulots, dont je t'épargnerai la liste, rassure-toi. L'essentiel étant qu'un jour, j'ai commencé à travailler pour des éditeurs. J'étais correctrice-relectrice pour certains, réécriveuse pour d'autres, écrivain-fantôme, etc. Tant et si bien que j'ai fini par avoir l'opportunité de créer et de diriger une collection (que tu as peut-être connu : Hors Piste, chez Odin éditions). Cela m'a permis de concrétiser un projet ancien qui me tenait à coeur : faire découvrir aux lectrices françaises l'espagnole Lola Van Guardia. J'avais démarché beaucoup d'éditeurs, en vain. J'ai donc vu dans la création de cette collection l'opportunité de réaliser enfin ce projet. Après avoir publié la trilogie barcelonaise (L'Inavouable secret de Karina, Piétinez pas le gazon!, Dix petites oies blanches), une écrivaine madrilène très douée, Carlota Echalecu (Les Yeux de Beatriz), entre autres, j'ai choisi de tourner la page Odin…
(J'ouvre une petite parenthèse pour te signaler, si tu ne t'en es pas aperçue, qu'on peut retrouver ces plumes espagnoles, parmi d'autres encore, dans le recueil de nouvelles Pars avec elles paru aux Éditions Dans L'Engrenage.)
Quelques mois plus tard, je dus me rendre à l'évidence: sans projets éditoriaux, je m'ennuyais ferme. Alors naquit l'idée, puis concrètement la maison Dans L'Engrenage, grâce aux encouragements de ma chère et tendre ainsi qu'au soutien de mes parents et de François, le talentueux auteur des couvertures d'Odin à l'époque, et aujourd'hui des nôtres. Restée en contact avec une auteure dont j'avais beaucoup aimé le manuscrit, Lucie Brocard (qui nous a toujours encouragées et qui, je pense et j'espère, sera très prochainement de retour), et un oeil traînant toujours sur ce qui se passe de l'autre côté des Pyrénées, les Éditions Dans L'Engrenage se lancent en 2003 avec un titre gay et un titre lesbien, (Le Saut de grenouille, de Lucie Brocard, numéro 0 du catalogue).
La roue dentée était lancée, j'avais mis le doigt dedans, puis le bras, et tout le reste a suivi. Même toi, amie lectrice. Sois-en remerciée.


Merci François Warzala.

jeudi 24 juillet 2008

Pourquoi des bonbons ?


Une petite précision: ce ne sont pas n'importe quelles sucreries, mais de la réglisse, et surtout des réglisses fourrées, un genre de bonbon qui n'a pas de dénomination très définie en français, une composition de réglisse et de fondant coloré. Pas étonnant, c'est typiquement britannique, les Liquorice All-sorts.
Nous avions envie de montrer l'heureux mélange que constitue Cara et moi entre le noir et les couleurs, le grave et le léger, le crucial et l'accessoire, le fait que ces opposés trouvent là l'expression de leur interdépendance.
Cela ressemble aussi à Pen, qui n'est pas la dernière à aimer le sucré...
Enfin, c'est un clin d'œil à un autre personnage du roman, Jo Butler (tu comprendras en lisant, amie lectrice), qui semble secondaire mais possède une dimension profonde et incontournable.

Allez, tu n'as plus qu'à le dévorer!

(Merci Sayuri.)

Cara et moi -et moi


Lorsque j'ai lu Cara et moi (qui s'appelle Hood en version originale), j'ai connu un grand moment de lecture. J'ai tout de suite eu envie de le partager avec toi, amie lectrice. Chose qui a pris du temps, car je l'ai lu pour la première fois en 2000 ou 2001, il me semble. Comme quoi, j'ai de la suite dans les idées, pour reprendre une expression de ma mère.
C'est un livre écrit avec une grande intelligence, qui se manifeste autant dans le récit pur que dans son agencement, l'ensemble témoignant d'une belle sensualité. Tout a son importance, du chèvrefeuille qui encadre la porte de la maison au vieux coussin jaune sous le hamac, du bruit de la chatière à celui des robinets de la baignoire.
Le sujet universel et on ne peut plus intime permet à l'auteur, Emma Donoghue, un contrepied (ou contrechant, car elle manifeste une grande attention à la dimension sonore) élaboré, tout en restant très attentive à son lecteur, pour qui la lecture est aisée, riche, originale. La semaine la plus importante de la vie de l'héroïne, Pen, se déroule au rythme de ses interrogations, de ses souvenirs (toujours au présent, un moyen de les rendre très vifs, souci capital eu égard au contexte! Alors que le présent est... au passé).
Elle rend aussi de manière magistrale la dimension érotique d'une relation lesbienne à long terme, et ce n'est pas la moindre des qualités de ce roman. Nous sommes trop habituées à avoir les oreilles rebattues de l'excitation de la rencontre, de la nouveauté, de l'établissement des affriolantes prémisses de la relation, et à l'opposé de l'horrible, menaçante, écrasante (à mon humble avis mythique, tel le croquemitaine) LBD (Lesbian Bed Death, un concept né de la réflexion (?) de certaines de nos amies anglosaxonnes -Merci, Pepper Schwartz!- en français Mort du Lit Lesbien, autrement dit raréfaction ou disparition des rapports sexuels dans les vieux couples... J'en entends rire à gorge déployée.)
Et puis j'ai aimé ressentir de plus près ce qu'était l'atmosphère dans la très catholique capitale irlandaise des années 1970 et 1990, avec ses rebelles tête nue (les féministes, les militantes lesbiennes, alternatives...) ou tête dissimulée sous le capuchon du strict manteau des convenances (Penelope qui tisse, rapièce ou rabiboche les étoffes bigarrées qui composent l'amour de sa vie, avec le fil de sa lucidité et de son humour irrésistible). Au son des Variations Goldberg, dans la version de Glenn Gould, 1955 (je te l'ai mise ci-après, si tu veux l'écouter).
Il ne me reste plus qu'à espérer que, quelque part, là où tu es, Cara et moi t'émeuve et te régale autant que moi.





(Merci François pour ces couvertures de rêve!)

vendredi 18 juillet 2008

Impatientes !

Les cartons de livres sont arrivés hier, et je dois avouer que toutes sans exception, nous brûlions d'impatience... même la plus jeune d'entre nous -laquelle, à deux mois et cinq jours, ne sait pourtant pas lire. Mais ça viendra, n'est-ce pas? La preuve:




Les paquets commencent à partir et très bientôt, amie lectrice, tu découvriras la magnifique écrivaine qu'est Emma Donoghue.

mardi 15 juillet 2008

Ça vient !


Le texte fini, la couverture prête, tout est parti chez l'imprimeur. Ouf. Et puis le tourbillon reprend, bon à tirer, relectures... Après un saut à l'imprimerie pour participer au calage de la couverture (pour l'expliquer brièvement, nous sommes là pour demander des réglages de couleur précis au technicien qui manipule l'énorme machine afin que le rendu de l'impression convienne à ce que nous en attendions, sachant que la couverture sera ensuite recouverte d'un vernis sélectif, notre spécificité), le moment arrive où nous allons recevoir les livres. Toujours un moment de stress (est-ce que tout s'est bien passé ? N'a-t-on rien oublié ? Le transport n'a rien abîmé ? Etc. etc.)
En attendant, il reste à te prévenir, amie lectrice, à mettre le site internet à jour, à référencer l'ouvrage chez tes libraires préférés, à préparer les premiers envois.
Tout ça pour dire que tu devrais l'avoir en mains à partir de lundi !

vendredi 27 juin 2008

Busy busy


Quoi, déjà presque un mois ? Mais qu'est-ce qu'elle fabrique ??
Elle fabrique un livre. Là, nous sommes plongés dans ce qui s'appelle un bouclage : on travaille comme des forcenés pour parvenir au résultat escompté : un roman que tu vas adorer.
Il mérite (comme chacun de ceux que nous publions ;-)) le meilleur de nous-mêmes, et que nous ne ménagions ni nos efforts ni, surtout, notre temps.
Et s'il nous en reste, on donne un coup de main à Papa et Maman qui déménagent...

Merci The Library of Congress.

vendredi 30 mai 2008

Où se cache-t-il, celui-là ?


Lorsque tu lis le dernier livre paru aux Éditions Dans L'Engrenage, amie lectrice, tu nous fais souvent l'honneur de regarder, à la fin, la liste des ouvrages que nous publions. Souvent, tu en découvres que tu ne connaissais pas encore, et tu te dis : Tiens, bizarre, moi qui croyais les avoir tous lus, il y en a un nouveau, comment cela a-t-il pu m'échapper, vite, il me le faut !
Et là, patatras : ton libraire t'annonce que non, ce livre n'existe pas, il n'est pas dans sa base de données. Quoi ?
Nos livres ont une durée de vie de plusieurs mois, et les pages sur lesquelles figurent les titres au catalogue ont vocation à t'informer au mieux. Par conséquent, lorsqu'un livre paraît, il porte parfois, quelques semaines à l'avance, mention de titres encore à paraître, pour rester "à la page" le plus longtemps possible sur le catalogue.
N'hésite jamais, amie lectrice, à nous demander si un livre est disponible, quand il le sera, etc. Et si tu es timide ou pressée, reporte-toi au catalogue en ligne sur notre site : l'avantage c'est que là, il est toujours parfaitement à jour sur tous les livres que nous te proposons.
Et merci de ta patience, amie lectrice : le prochain arrive !

Merci Lady Bird Books.

mercredi 28 mai 2008

Festival de Cannes

Oui, on a beaucoup parlé du Festival de Cannes, amie lectrice, on nous en a même peut-être un peu rebattu les oreilles — comme chaque année au mois de mai.
Cependant, il y a des perles prometteuses (par exemple l'année dernière, Naissance des pieuvres, de Céline Sciamma, sorti en DVD et dont tu as forcément entendu parler) et, cette année, XXY, un film argentin de Lucia Puenzo, (enfin un nouveau film sur l'intersexualité) dont voici la bande annonce :

dimanche 25 mai 2008

Du repli


Une fois n'est pas coutume, nous étions présentes au "Festidays" de Mimizan (cf billet du 26 avril 08).
Pourquoi n'est-ce pas une coutume ? Parce que nous évitons les manifestations de nature exclusivement commerciale, et en particulier les salons.
Dois-je préciser que, bien entendu, je ne vis pas dans un monde angélique, nous avons besoin de vendre nos livres et ne subsistons pas (que) d'amour et d'eau fraîche. Mais l'on peut se ménager la liberté de poser les limites "éthiques" dans lesquelles l'on souhaite travailler, et accesoirement se mouvoir.
Nous n'allons presque pas dans les salons d'abord parce qu'à notre goût, nous n'avons déjà pas assez de temps : nous rechignons donc à le consacrer à d'autres choses qu'aux livres à proprement parler.
Ensuite, nous avons choisi de nous consacrer aux littératures lesbiennes par engagement*, pas pour tirer profit d'une catégorie de la population. Et les salons, outre leur organisation par des entreprises éloignées de nos préoccupations (qui, en plus, voudraient nous voir servir de caution "intellectuelle" ou "culturelle" à des rassemblements purement commerciaux tout en nous demandant des sommes exorbitantes), nous associent à des produits très loin des nôtres : je n'ai toujours pas compris ce qu'un vin rosé pouvait présenter comme particularité pour être homosexuel et, surtout, ce que nos livres faisaient à côté de ces caisses de vin...
Car amie lectrice, à nos yeux, tu n'es pas une consommatrice, mais quelqu'un qui met autant d'elle-même dans la lecture de nos titres que nous en avons mis, nous, auteure, traductrice, éditrice, designer, toutes celles et ceux qui font un livre.

* Je reviendrai sous peu sur ce sujet.

Merci Bastian/View Askew

vendredi 16 mai 2008

Journée mondiale de Lutte contre l'homophobie


Cette année, la journée mondiale de lutte contre l'homophobie, initiative du Français Louis-Georges Tin, (en anglais, ça s'appelle IDAHo - International Day Against Homophobia), a pour thème la lesbophobie. Un terme très clair pour une réalité qui ne l'est pas pour tout le monde. Pourtant, il me semble que toutes les homosexuelles ont eu, à un moment ou à un autre, à souffrir de l'expression implicite ou explicite de l'hostilité d'une autre personne, hostilité fondée sur l'orientation sexuelle.
Je souhaite, amie lectrice, que cela ne t'arrive pas. Je souhaite aussi que cela ne m'arrive plus. Donc, demain est une journée consacrée à la sensibilisation de l'ensemble de la population sur ce phénomène dont on parle très peu, mais qui peut détruire des êtres. Et même dans nos pays riches et démocratiques. Même dans le pays des droits de l'homme et de la femme. Nous ne sommes pas toutes riches, belles, célèbres, entourées d'une famille aimante, d'amis ouverts et de collègues sympa. Certain député estimait récemment que nous étions "un danger pour l'humanité."
Un rappel: être homosexuel conduit en prison dans 86 pays et à la peine de mort dans 7. (source: rapport 2008 sur l'homophobie d'État de l'ILGA - International Lesbian and Gay Association - www.ilga.org )

vendredi 18 avril 2008

Festidays de Mimizan



Dans une revigorante station balnéaire des Landes, Mimizan, que je te recommande si tu aimes l'océan et la nature, nous sommes allées fin mars à ta rencontre, amie lectrice, pour le festival FESTIDAYS. Chargées de livres et accompagnées de notre unique (et précieuse) auteure française, Lucie Brocard (Le Saut de grenouille et Cave n°55), nous avons monté un stand tout de rose vêtu, fleuri et sucré pour te recevoir dignement. Et tu es venue, timide ou très à l'aise, en terrain connu ou nous découvrant, et nous avons parfois un peu bavardé. Tu as choisi quelques livres, mais n'as jamais osé demander à Lucie de te dédicacer le sien, lorsque tu l'avais en main. Alors je te l'ai proposé, et chaque fois tu as rougi en disant, oui, merci, j'aimerais bien qu'elle me le signe. Et tu as murmuré ton prénom, ou celui de l'amie à qui tu le destinais.
En rentrant, beaucoup plus tard, nous étions toutes réjouies de ces rencontres souriantes, de l'intérêt que tu as eu pour nos livres, du plaisir de se connaître, tout simplement.
À bientôt, amie lectrice.

Photo 1 : Lucie Brocard fourbit son stylo.
Photo 2 : L'éditrice revient de la plage.

jeudi 17 avril 2008

Récréation 2

Pour le plaisir des yeux (et des oreilles), le travail magnifique d'un artiste numérique, Philip Scott Johnson.

mardi 15 avril 2008

Les petits mots...


... que tu prends la peine de m'envoyer de temps à autre, amie lectrice, me sont un baume au cœur. Qu'ils prennent la forme de mails, de quelques phrases au coin d'un bon de commande, de lettres ou de coups de fil, ces mots amicaux, chaleureux et encourageants éclairent notre journée et nous redonnent du cœur à... l'ouvrage.
Merci à toi, Christine, Stéphanie, Mylène, Élisabeth, Lucie, Christiane, Nathalie, Anne-Sophie, Véronique, Céline, Lucie, Nicole, Marion, Christelle, Sylvie, Frédérique, Julie, Catherine, Danièle, Cathy, Ghislaine, Isabelle..............................

mercredi 2 avril 2008

Faire-part


Tu dois te douter que dans la vie d'une maison d'édition, la sortie d'un livre est un point culminant qui entraîne toute sorte d'émotions.
Nous venons de recevoir (oui, c'est comme tu l'imagines : un camion, des palettes, des cartons...) le dernier-né, COYOTE SKY, le quinzième livre de la maison, et le cinquième dans la collection Romance (un roman d'amour, donc, sais-tu en conclure). Nous avons attendu toute la journée, nous préparant à l'envoyer dès son arrivée : les enveloppes étaient prêtes, les commandes des libraires assemblées, il ne manquait plus que lui. Et le voilà, 270 g, 12, 5 cm sur 19 cm, la mine rosée et la silhouette bien nette.
Nous vérifions de près la façon, si la fabrication est à la hauteur de nos exigences (notre imprimeur est bien placé pour savoir qu'elles sont pointues, le pauvre).
S'engage alors une course pour sacrifier aux obligation légales (envoi d'exemplaires à la Bibliothèque Nationale de France, à l'auteure, à l'éditeur d'origine dans le cas des traductions, à la traductrice, au designer...), et satisfaire au plus vite nos clientes et clients.
Nous veillons toujours à faire partir les commandes dans leur ordre d'arrivée, afin de ne pas créer de jalousies déplacées parmi les libraires (si, si, il arrive qu'on nous soupçonne de favoriser celui-ci ou celle-là !) Deux précautions pour veiller à l'équité et à la satisfaction valent mieux qu'une !
De toute façon, la plupart du temps, c'est toi, amie lectrice, qui nous manifeste une confiance impatiente en nous envoyant ton bon de commande la première : voilà pourquoi tu reçois généralement ton livre la première...

lundi 24 mars 2008

Tina Fiveash et Deborah Kelly

Tina Fiveash est une photographe australienne dont le travail explore les questions de genre et l'homosexualité, souvent à travers l'humour et à travers des formes marquées par la publicité et les années cinquante. J'attire ton attention en particulier sur la série Hey, Hetero ! qui associe Tina et l'artiste Deborah Kelly en 2001. Elles ont créé six oeuvres placardées sur une trentaine d'espaces publicitaires à Sydney, mais aussi sur les bus, dans les journaux, sur le net, etc. Ce travail a remporté le premier prix artistique du fameux Mardi Gras gay et lesbien australien, et a voyagé pour des expositions dans l'hémisphère sud, mais aussi en Europe (non, non, pas en France... à Berlin.) Donc, dans ce projet, il s'agit d'interpeler les hétérosexuels sur les inégalités et les discriminations exercées envers les homosexuels. Un exemple :

"Eh, Hétéro ! Fais un enfant, ça ne provoquera pas de débat national."

Ou un autre :

"Eh, Hétéro ! Tu peux faire ça les yeux fermés : sans crainte, sans danger, sans souci !"

Je t'engage, amie lectrice, si cet aperçu t'a plu, à visiter le site de Tina Fiveash, où tu verras son travail sur le genre, sur l'image des lesbiennes, ou sur les magazines féminins des années cinquante, dont elle parodie les pubs, comme ici :

(Attention, il est 11H30, comme tu l'auras remarqué, c'est-à-dire grand temps de préparer le déjeuner!!)

Allez, à très vite.


Merci Tina Fiveash.
http://tinafiveash.com.au/


Inauguration


Amie lectrice, tu te demandes et me demandes souvent : mais qu'est-ce que tu fabriques ? As-tu disparu ? Pourquoi je ne t'entends plus ?
J'ai donc pris la décision, que dis-je, la résolution, de tâcher de mériter l'intérêt que tu me portes en restant disponible.
Ici, j'aborderai donc les sujets en rapport avec tes questions, et d'autres encore, tout ce qui touche à ce qui me nourrit et aboutit au livre que tu as sous les yeux. Tu t'en doutes, se profile à l'horizon le patchwork, le maëlstrom, le mélange des genres... Tiens, ça, bizarrement, ça n'est pas pour me déplaire, figure-toi.
Allez, à très vite.

(Merci les éditions Lady Bird Books)

dimanche 23 mars 2008

Édition... Collection... Késaco ?


Souvent, tu me dis que tu ne vois pas très clairement la différence entre "édition" et "collection".
Dans une maison d'édition, on travaille à la publication de livres. Avant qu'un manuscrit ne devienne un livre, il se passe énormément de choses. Ces choses-là, sur lesquelles j'aurai l'occasion de revenir, font intervenir différentes compétences mises au service du texte, et par ricochet, de son auteur et du lecteur. Cela se passe au sein de la maison d'édition, et sous la houlette de l'éditeur, donc d'un individu (ou d'un groupe d'individus, bien sûr). C'est pourquoi une maison ne ressemble pas à une autre, elle est unique dans ses choix subjectifs et sa façon de mettre en valeur le livre, elle s'adresse aussi à un public particulier. Les lecteurs ont des affinités, selon leur personnalité ou leur envie du moment, avec telle ou telle maison d'édition (tu ne vas pas vers Gallimard comme tu vas vers XO, par exemple).
Ensuite, à l'intérieur d'une maison d'édition, c'est-à-dire sous un même nom, on peut avoir envie de publier des livres très différents, tout en veillant à ce que le lecteur ne s'y perde pas. D'où l'utilité des collections : elles définissent un contour aux oeuvres qu'elles réunissent.
Chez Dans L'Engrenage, nous nous intéressons à beaucoup de genres différents, parmi lesquels l'humour, les "belles-lettres", les polars, les romans d'amour... Alors nous avons créé des collections, dont la plus connue est "Romance", qui regroupe les romans à l'eau de rose. Une autre collection va débuter dans quelques mois, pour les romans policiers et noirs, la collection Cambouis. Chaque collection a une couverture de couleur différente (Romance, c'est rose, évidemment, et les couvertures blanches sont réservées à tout ce qu'on appelle parfois la littérature blanche, par différence avec la littérature noire ou la littérature... rose).
L'important pour moi éditice, c'est que toi lectrice, quand tu décides d'acheter un livre, tu puisses choisir avec le plus de précision possible le livre que tu vas lire, en accord avec ton envie du moment, afin que tu y trouves le maximum de plaisir...

Merci O.A. Porgeirsson

Récréation

Parce que ça ne fait pas de mal de commencer par s'offrir un petit moment agréable...
Merci à Rob Hlus, de la Vancouver Film School.